(Intervention intégrale d'André Roulleaux Dugage lors du conseil municipal du 28 mars 2013)
Monsieur le Président, Chers Collègues,
Durant le précédent conseil du 28 juin dernier, certains ont essayé – vu le temps de parole très court qui leur était imparti - d’exprimer leur vision quant à l’évolution souhaitable de notre ville sur le long terme.
J’avais alors proposé à tous une réflexion à savoir envisager durablement à trente ans notre ville non pas par des avancées sectorielles à court moyen terme sur tel ou tel point, mais bel et bien un programme global, à long terme, voire à très long terme visant l’aménagement efficace et équilibré de notre territoire de manière à permettre le développement durable de notre ville.
De son côté, M. MICOR – dont je remarque le courage, même si je n’ai absolument rien à lui envier à ce niveau - avait notamment lu « au pas de charge » une note très critique et très détaillée que j’ai bien écoutée et dont j’ai bien noté les lignes essentielles. Il stigmatisait le caractère peu volontaire et peu ambitieux de votre politique, Monsieur le maire, sur bien des chapitres : les espaces verts, le déplacement deux roues, les déplacements à partir de la gare, l’aménagement discutable du centre ville, le mauvais zonage des activités économiques et une nouvelle politique en matière de logements sociaux adaptés à la démographie des familles.
Nos espaces verts doivent constituer l’une des vitrines de notre ville, notamment celle donnant sur notre gare, je suis bien d’accord. M. MICOR vous avait interrogé, Monsieur le maire, entre autres sur un intéressant projet de redéveloppement du Parc Charles de Gaulle. Celui-ci n’a reçu aucune réponse de votre part. M. MICOR et M. GIROUX, avait également évoqué une absence de politique portant sur le déplacement sécurisé pour les deux roues.
Pourtant, ces pistes cyclables en site propre sur les grandes axes ont été demandés depuis des lustres par les parents d’élèves du lycée des Pierres Vives et par les autres cyclistes qui empruntent les grands axes, notamment le boulevard Henri Barbusse.
Que dire sur l’avenir piétonnier du centre ville ? Où en sont les discussions à ce sujet avec les commerçants de la Place Michelet et de la rue Gabriel Péri ? Ne pouvions nous pas aménager en conséquence la partie sud de la ZAC EGLISE ?
J’avais ensuite insisté de mon côté sur la nécessité primordiale d’envisager le développement économique de notre ville en faveur des PME via un assouplissement et une meilleure orientation des règles en matière d’urbanisme commercial le long des grands axes. Parce que l’Histoire avec un grand H nous démontre que l’économie se développe toujours le long et au croisement des grands axes de circulation.
Mon approche à ce titre avait été contesté par Monsieur Florian BOHEME (je n’ai pas oublié son célèbre « il est inutile d’aller dans cette direction, vous savez comme moi que Houilles ayant atteint son niveau de plein emploi, n’ira pas plus loin » les acteurs économiques et les chômeurs de notre ville apprécieront).
Mais non, je maintiens, c’est l’affaire primordiale des élus locaux que d’aménager les territoires en vue de permettre la création de nouveaux emplois durables sur leurs communes. C’est même là leur mission essentielle.
Il fallait à cet égard si on veut défendre les emplois – car tout est lié en terme d’économie : logement, transport, travail, famille, détente - défendre avec acharnement notre gare, exiger les dessertes aux quelles nous avons droit, et défendre ses implantations autour. Parlez en aux bars restaurants du coin qui ont dû vendre ou fermer, ils vous en diront long sur l’abandon dont ils ont été victimes.
Notre gare constitue l’une des forces motrices essentielles de notre économie locale. Il nous faut maintenant défendre ses alentours et les rendre économiquement attractive pour les PME. Ceci est aussi l’affaire de la ZAC GARE. Cette ZAC en friche depuis des lustres et pour laquelle vous avez engagé des frais énormes en vue d’essayer de reprendre tous les terrains de la ville que vous aviez explicitement abandonné entre les mains de l’aménageur alors que ce dernier tombait en faillite, vous entendez également à vouer à du logement, dans des conditions économiquement aberrantes.
L’examen de votre projet démontre également que vous éludez les enjeux de notre politique locale de transport que vous réduisez à des « déplacements multimodaux » visant à mettre en avant les lignes de bus VEOLIA dont chacun connait le niveau d’encombrement et de pollution, et le fait qu’ils soient généralement vides en période creuse. Cette conception, à l’heure des minibus électriques qui équipent la plupart de nos villes modernes, est partielle, partiale et dépassée.
Quant à nos dessertes SNCF ? On n’en parle même pas ! Est-ce à considérer les dessertes SNCF, les dysfonctionnements du RER A, comme étant sans importance, sans effet sur l’urbanisation de notre ville ?
Que dire maintenant en matière d’offres d’équipements collectifs ? Là où vous pouviez sectoriser en périphérie sans encombre les garages et autres dispositifs techniques de la ville dans une zone urbaine spécialement dédiée aux équipements collectifs, vous choisissez d’y implanter une piscine municipale estampillée sous faux nez CCBS, que vous avez été dans l’incapacité – contrairement à tous vos prédécesseurs - de mutualiser avec les communes voisines ! Là encore, votre vision urbanistique de notre ville fait défaut.
Notre ZAC EGLISE correspond à une urbanisation facile, standardisé et tape à l’œil mais avec quoi derrière ? On y ferait accessoirement quelques logements sociaux ? Bien. Vous augmentez les COS en conséquence pour satisfaire aux demandes de la Région en matière de densification urbaine pour résoudre la crise du logement ? Bien. Notre ville bétonne dans ses quartiers centraux, faisant le bonheur de promoteurs immobiliers de passage pour faire leurs affaires. Le résultat est standard, sans cachet, sans référence au passé de la ville et n’est pas très emballant … Mais le reste, quoi encore après ?
N’oublions pas tout le reste, car tout le reste reste essentiel.
Les questions de cadre de vie posées par les nouveaux habitants, c’est leur affaire ? Qu’ils se débrouillent avec les offres de services de proximité ? Mais on va les emplacer où, ces services de proximité ? Car il faudra les emplacer au mieux pour permettre leur développement ?
En matière d’accessibilité, votre projet de plan d’aménagement et de développement durable (PADD) ne d’ailleurs mentionne aucun effort en matière d’économie numérique ni ne parle de l’accessibilité internet. Or, France TELECOM a reconnu devant nous que 70 % des Ovillois ne peuvent bénéficier de l’internet haut débit, alors que nous sommes à trois encablures des quartiers d’affaires de la Défense et de ceux sur Colombes Courbevoie ...
Veut-on une ville s’enfonçant dans le schéma classique des cités dortoirs où l’habitant, vaincu par la morosité des lieux et l’autoritarisme d’un système local, n’aspire plus à grand chose à part prendre son bus et rester chez lui en espérant un miracle à trois jours, ce qui en matière d’urbanisme (même en ce jour de Jeudi Saint) parait peu réaliste.
Nous sommes confrontés en définitive à un projet de PLU non volontaire qui plie l’échine devant des objectifs de densification de logements mais ne prévoit rien derrière.
Ce projet de PLU met de côté nos forces économiques, il met de côté notre dynamisme associatif, notre pluralisme culturel et notre diversité sociale, il met de côté nos impératifs en matière de circulation et d’accessibilité. Il n’envisage rien de concret sur un plan environnemental. Pour le reste, rien, on ne voit rien. « Construisez du logement, construisez du logement collectif » nous dit la Région, « pour le reste, débrouillez-vous, ce n’est pas notre problème ! ».
Soulignons – et j’en aurais fini là-dessus - que ce projet de PLU signe le caractère inconstructible des petites parcelles de moins de 20 mètres de profondeur dans les zones pavillonnaires majoritaires sur la ville, puisqu’on y impose en zone UH en haut des pages 72 et 73 du projet du règlement un recul de 5 mètres sur l’alignement de voirie et de 8 mètres derrière sur jardin. Les petits propriétaires fonciers n’ont plus désormais qu’à bien se tenir face à d’hypothétiques craintes de « mitage » et aux appétits des promoteurs.
Ce projet de PLU n’est pas clair, n’est pas volontaire, n’est pas juste ni même moral. Nous ne le voterons donc pas. Je rappelle à cet égard le thème de l’une de nos dernières tribunes libres IDDEO : « PENSER LOCAL, C’EST NECESSAIREMENT PENSER GLOBAL ».
Je laisse à chacun le soin d’en méditer.